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Mère

Entretiens

 

Le 6 août 1958

L'enregistrement   

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Douce Mère, quel est l’effet et la valeur d’une prière collective?

Nous avons déjà parlé de cela, des prières collectives, de l’emploi que l’on en avait fait. Je pense même que cela a paru dans le Bulletin.

Il y a d’ailleurs différents genres de prières collectives, comme il y a différents genres de collectivités. Il y a la masse anonyme, la foule, qui s’est formée au hasard d’une circonstance, sans coordination intérieure, poussée par la force d’une circonstance, comme par exemple quand un souverain ou un personnage qui attire l’attention de la masse se trouve dans une situation critique, malade ou victime d’un accident, et que la population s’est assemblée pour avoir des nouvelles et aussi pour exprimer son sentiment; et c’est au hasard des circonstances que les individus sont assemblés là, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun lien intérieur excepté celui de la même émotion ou du même intérêt. On a eu l’exemple de foules qui spontanément se mettaient en prière pour obtenir la guérison de quelqu’un qui les intéressait tout particulièrement. Naturellement, ces mêmes foules peuvent s’assembler dans un but opposé, un but de haine, et leurs cris sont aussi une sorte de prière, une prière aux forces adverses et destructrices.

Ces mouvements-là sont des mouvements spontanés, pas organisés, inattendus.

Il y a la collectivité d’un ensemble d’individus qui se sont groupés autour d’un idéal, ou d’un enseignement ou d’une action qu’ils veulent accomplir, et qui ont un lien organisateur entre eux, le lien du même but, de la même volonté et de la même foi. Ceux-là peuvent s’assembler d’une façon méthodique pour pratiquer en commun la prière ou la méditation, et si leur but est élevé, leur organisation bien faite, leur idéal puissant, ces groupes peuvent avoir, par leurs prières ou par leurs méditations, un effet considérable sur les événements du monde, ou sur leur propre développement intérieur et sur leur progrès collectif. Ces groupes-là sont nécessairement très supérieurs aux autres, mais ils n’ont pas cette aveugle puissance qu’ont les foules, l’action collective des foules. Ils remplacent cette véhémence, cette intensité, par la puissance d’une organisation voulue et consciente.

De tout temps, il y a eu sur terre des groupes qui s’organisaient ainsi. Quelques-uns ont eu une vie historique, une action historique dans le monde, mais généralement ils n’ont pas eu plus de succès avec la foule, la masse, que n’en ont eu les individus exceptionnels. Ils ont toujours été suspects et soumis à des attaques, à des persécutions, et souvent aussi ils ont été dissous d’une façon brutale et très obscure, très ignorante... Il y a eu de ces groupes, mi-religieux mi-chevaleresques, qui, rassemblés autour d’une croyance, ou plutôt d’un credo, avec un but défini, ont eu une histoire très intéressante dans le monde. Et certainement, ils ont fait beaucoup pour le progrès collectif par leur effort individuel.

Il y a une organisation idéale qui, si elle était menée à bien totalement, pourrait créer une sorte d’unité très puissante, composée d’éléments ayant tous le même but et la même volonté et suffisamment développés intérieurement pour pouvoir donner un corps très cohérent à une unité intérieure de but, de mobile, d’aspiration et d’action.

De tout temps, les centres initiatiques ont essayé cela, d’une façon plus ou moins heureuse, et toujours il en est question dans toutes les traditions occultes comme d’un moyen d’action extrêmement puissant.

Si l’unité collective pouvait arriver à la même cohésion que celle de l’unité individuelle, elle multiplierait la puissance et l’action de l’individu.

D’habitude, si l’on met ensemble plusieurs individus, la valeur collective du groupe est très inférieure à la valeur individuelle de chacun pris en particulier, mais avec une organisation suffisamment consciente et coordonnée, on pourrait au contraire multiplier la puissance de l’action individuelle.