Mère
Entretiens
Le 1er janvier 1958
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Ô Nature, Mère matérielle, tu as dit que tu collaboreras et il n’y a pas de limite à la splendeur de cette collaboration. (Message du 1er janvier 1958)
Douce Mère, tu expliqueras le message de cette année?
C’est déjà écrit! L’explication est déjà écrite, prête pour le Bulletin du 21 février.
Il n’y a pas à expliquer. C’est une expérience, quelque chose qui s’est produit, et quand cela s’est produit, je l’ai noté, et il se trouvait que cela s’est produit juste au moment où je me suis souvenue que je devais écrire quelque chose pour l’année (qui était l’année prochaine à ce moment-là, c’est-à-dire l’année qui commence aujourd’hui). Quand je me suis souvenue qu’il fallait que j’écrive quelque chose — pas à cause de cela, mais simultanément —, cette expérience est arrivée, et quand je l’ai notée, je me suis rendu compte que c’était... c’était le message pour cette année!
(silence)
Le passage qui suit est un extrait de l’explication donnée dans le Bulletin du 21 février 1958.
Au cours d’une de nos classes (du 30 octobre 1957), j’ai parlé de l’abondance sans limite de la Nature, créatrice inépuisable qui prend la multitude des formes et les mélange, les resépare et les reforme, les redéfait, les détruit, pour passer à des combinaisons toujours nouvelles. C’est le gros chaudron, ai-je dit: on tourne là-dedans et on en sort quelque chose; ça ne va pas, on le rejette dedans, on prend autre chose... Une forme ou deux formes ou cent formes n’ont aucune importance pour elle, il y a des milliers et des milliers de formes, et puis des années, cent années, mille années, des millions d’années, cela n’a aucune importance, on a l’éternité devant soi! Il est de toute évidence que ça l’amuse et qu’elle n’est pas pressée. Si on lui parle de brûler les étapes et de finir vite telle ou telle partie de son travail, la réponse est toujours la même: «Mais pour quoi faire, pour quoi? Cela ne vous amuse pas?»
Le soir où je vous ai dit ces choses, je me suis identifiée à la Nature, totalement, je suis entrée dans son jeu. Et ce mouvement d’identification a provoqué une réponse, une sorte d’intimité nouvelle entre la Nature et moi, un long mouvement de rapprochement qui a trouvé son point culminant dans une expérience qui est venue le 8 novembre.
Tout à coup, la Nature a compris. Elle a compris que cette Conscience nouvelle qui est née ne cherche pas à la rejeter mais veut l’embrasser tout entière. Elle a compris que cette spiritualité nouvelle ne s’écarte pas de la vie, ne recule pas craintivement devant l’ampleur formidable de son mouvement, mais veut, au contraire, intégrer toutes ses facettes. Elle a compris que la Conscience supramentale n’est pas là pour la diminuer mais pour la compléter.
Alors, de la Réalité suprême est venu cet ordre: «Éveille-toi, ô Nature, à la joie de la collaboration.» Et toute la Nature s’est précipitée soudain, dans un immense bondissement de joie, pour dire: «J’accepte, je collabore.» Et en même temps s’est produit un calme, une tranquillité absolue pour que ce réceptacle du corps puisse recevoir et contenir, sans se briser, sans rien perdre, le flot formidable de cette Joie de la Nature qui se précipitait comme dans un mouvement de reconnaissance. Elle acceptait, elle voyait avec toute l’éternité devant elle que cette Conscience supramentale allait l’accomplir plus parfaitement, donner plus de force encore à son mouvement, plus d’ampleur, plus de possibilités à son jeu.
Et soudain j’ai entendu, comme venues de tous les coins de la terre, de ces grandes notes que l’on entend parfois dans le physique subtil, un peu semblables à celles du concerto en ré de Beethoven, et qui viennent à l’heure des grands progrès, comme si cinquante orchestres éclataient tous ensemble, sans une fausse note, pour dire la joie de cette nouvelle communion de la Nature et de l’Esprit, la rencontre de vieux amis qui se retrouvent après avoir été longtemps séparés.
Alors, ces mots sont venus: «Ô Nature, Mère matérielle, tu as dit que tu collaboreras et il n’y a pas de limite à la splendeur de cette collaboration.»
Et la félicité rayonnante de cette splendeur a été perçue dans une paix parfaite.
Telle fut la naissance du message pour l’année nouvelle.
Ici reprend le texte de l’Entretien du 1er janvier 1958.
Je vous dirai une seule chose: il ne faudrait pas se méprendre sur le sens de cette expérience et s’imaginer que dorénavant tout va se passer sans difficultés et toujours d’une façon favorable à nos désirs personnels. Ce n’est pas sur ce plan. Cela ne veut pas dire que quand nous ne voulons pas qu’il pleuve, il ne pleuvra pas! quand nous voulons qu’un événement se produise dans le monde, il va se produire tout de suite, que toutes les difficultés seront abolies et que tout sera comme dans les contes de fées! Ce n’est pas cela. C’est une chose plus profonde: la Nature, dans son jeu de forces, a admis la Force nouvelle qui s’est manifestée et l’a incluse dans ses mouvements. Et comme toujours, les mouvements de la Nature sont à une échelle qui dépasse infiniment l’échelle humaine et qui n’est pas visible pour une conscience humaine ordinaire. C’est plutôt une possibilité intérieure, psychologique, qui est née dans le monde, qu’un changement spectaculaire des événements terrestres.
Je dis cela parce que l’on serait tenté de croire que les contes de fées vont se réaliser sur la terre. Ce n’est pas encore le moment.
(silence)
Il faut avoir beaucoup de patience et une vision très large et très complexe pour comprendre comment les choses se passent.
(silence)
Les miracles qui se passent ne sont pas ce que l’on pourrait appeler des miracles littéraires, en ce sens que cela ne se passe pas comme dans les histoires. Ce n’est visible que pour une vision très profonde des choses — très profonde, très compréhensive, très vaste.
(silence)
Il faut être déjà capable de suivre les méthodes et les moyens de la Grâce pour reconnaître son action. Il faut déjà être capable de ne pas être aveuglé par les apparences pour voir une vérité plus profonde des choses.
Nous pouvons, ce soir, seulement, prendre utilement une résolution: c’est d’essayer de faire pendant toute l’année de notre mieux afin que le temps ne se passe pas en vain.