Mère
Entretiens
Le 7 septembre 1955
This text will be replaced |
Cet Entretien est basé sur le chapitre IV de Lumières sur le Yoga, «Travail».
Tout travail est «une école d’expérience».
Oui, bien sûr. Tu ne comprends pas?
Non, Mère.
Si tu ne fais rien, tu ne peux pas avoir des expériences. Toute la vie est un champ d’expérience. Chaque mouvement que tu fais, chaque pensée que tu as, chaque travail que tu fais peut être une expérience, et doit être une expérience; et naturellement, le travail spécialement est un champ d’expérience où on doit appliquer tous les progrès que l’on s’efforce de faire intérieurement.
Si vous restez dans la méditation et la contemplation sans travailler, eh bien, vous ne savez pas si vous avez progressé. Vous pouvez vivre dans une illusion, l’illusion de votre progrès. Tandis que si vous vous mettez à travailler, toutes les circonstances de votre travail, le contact avec les autres, l’occupation matérielle, c’est un champ d’expérience pour se rendre compte non seulement du progrès que l’on a fait, mais de tous les progrès qui restent à faire. Si vous vivez enfermé en vous-même, sans agir, vous pouvez vivre dans une illusion subjective complète; de la minute où vous extériorisez votre action et où vous entrez en contact avec les autres, avec les circonstances et avec les objets de la vie, alors vous vous rendez compte d’une façon tout à fait objective si vous avez fait des progrès ou pas, si vous êtes plus calme, si vous êtes plus conscient, si vous êtes plus fort, si vous êtes plus désintéressé, si vous n’avez plus de désir, si vous n’avez plus de préférence, si vous n’avez plus de faiblesse, si vous n’avez plus d’infidélité — tout cela vous pouvez vous en apercevoir en travaillant. Tandis que si vous restez enfermé dans une méditation tout à fait personnelle, vous pouvez entrer dans une illusion totale et ne plus en sortir, et croire que vous avez réalisé des choses extraordinaires, alors que vous avez seulement l’impression, l’illusion que vous l’avez fait.
C’est ça que Sri Aurobindo veut dire.
Alors, Mère, pourquoi est-ce que dans l’Inde toutes les écoles spirituelles ont pour doctrine de fuir l’action?
Oui, parce que tout cela est basé sur l’enseignement que la vie est une illusion. Ça a commencé avec l’enseignement du Bouddha qui a dit que l’existence était le fruit du désir, et qu’il n’y avait qu’une façon de sortir de la misère et de la souffrance et du désir, c’est de sortir de l’existence. Et puis ça a continué avec Shankara qui a ajouté que non seulement c’est le fruit du désir, mais c’est une illusion totale, et tant que vous vivez dans cette illusion, vous ne pouvez pas réaliser le Divin. Pour lui il n’y avait même pas de Divin, je crois; pour le Bouddha, en tout cas, il n’y en avait pas.
Alors est-ce qu’ils avaient vraiment des expériences?
Ça dépend ce que tu appelles «expériences». Ils avaient certainement un contact intérieur avec quelque chose.
Le Bouddha a certainement eu un contact intérieur avec quelque chose qui, par rapport à la vie extérieure, était une Non-Existence; et dans cette Non-Existence, naturellement, tous les résultats de l’existence disparaissent. Il y a un état comme ça; on dit même que si on maintient cet état pendant vingt jours, on est sûr de perdre son corps; je le crois volontiers, s’il est exclusif.
Mais ça peut être une expérience qui reste en arrière, n’est-ce pas, et qui demeure consciente tout en n’étant pas exclusive et qui fait que le contact avec le monde et la conscience extérieure est supporté par quelque chose qui est indépendant et libre. Ça, c’est un état où vraiment on peut faire de très grands progrès extérieurement, parce qu’on peut se détacher de tout et agir sans attachement, sans préférence, avec cette liberté intérieure qui s’exprime extérieurement.
Mais c’est ça la nécessité: une fois que l’on a atteint cette liberté intérieure et ce contact conscient avec ce qui est éternel et infini, alors il faut, sans perdre cette conscience, retourner à l’action et la laisser influencer toute la conscience tournée vers l’action.
C’est ça que Sri Aurobindo appelle faire descendre la Force d’en haut. C’est comme ça qu’il y a une chance de pouvoir changer le monde, parce qu’on a été chercher une Force nouvelle, une région nouvelle, une conscience nouvelle, et qu’on la met en contact avec le monde extérieur. Alors sa présence et son action amèneront des changements inévitables et, on l’espère, une transformation totale dans ce qu’est ce monde extérieur.
Alors on pourrait dire que le Bouddha, c’était tout à fait certain qu’il avait eu la première partie de l’expérience, mais qu’il n’a jamais songé à la seconde, parce que c’était contraire à sa propre théorie. Sa théorie était qu’il fallait s’échapper; mais il est évident qu’il n’y a qu’une façon de s’échapper, c’est de mourir; et encore, comme il l’a très bien dit lui-même, vous pouvez être mort et être tout à fait attaché à la vie, et être encore dans le cercle des renaissances et ne pas avoir de libération. Et en fait, il a admis l’idée que c’est par les passages successifs sur la terre que l’on peut arriver à se développer jusqu’à cette libération. Mais pour lui, l’idéal c’était que le monde n’existe plus. C’était comme s’il taxait le Divin d’avoir commis une erreur et qu’il n’y avait qu’une chose à faire, c’était de réparer l’erreur en l’annulant. Mais naturellement, pour être raisonnable et logique, il n’admettait pas le Divin. C’était une erreur; commise par qui, comment, de quelle façon? — ça, il ne l’expliquait jamais. Il disait simplement qu’elle était commise et que le monde avait commencé avec le désir et qu’il devait finir avec le désir. Il était juste sur le point de dire que ce monde était purement subjectif, c’est-à-dire une illusion collective, et que si l’illusion cessait le monde cesserait. Mais il n’a pas été jusque-là. C’est Shankara qui a pris la succession et qui a rendu la chose tout à fait complète dans son enseignement.
Si on remonte à l’enseignement des rishis, par exemple, il n’y avait aucune idée de fuite hors du monde, et pour eux la réalisation devait être terrestre. Ils concevaient très bien un Âge d’Or, où la réalisation serait terrestre. Mais à partir d’un certain déclin de vitalité dans la vie spirituelle du pays, peut-être, n’est-ce pas, une différente orientation qui est venue... c’est à partir certainement de l’enseignement du Bouddha qu’est venue cette idée de fuite, et qui a miné la vitalité du pays, parce qu’il fallait faire des efforts pour se couper de la vie. La réalité extérieure devenait un mensonge illusoire, et il ne fallait plus rien avoir à faire avec. Alors naturellement, on se coupait de l’énergie universelle, et la vitalité allait diminuant; et avec cette vitalité, toutes les possibilités de réalisation aussi diminuent.
Mais il est très remarquable... J’ai vu beaucoup de gens qui essayaient cette méthode de détachement et de séparation de l’existence, et de vivre exclusivement dans la réalité intérieure. Ces gens-là extérieurement, presque tous, ils avaient des défauts absolument grossiers. Quand ils revenaient à la conscience ordinaire, ils étaient très inférieurs à un homme d’élite, par exemple, un homme qui a une grande culture et un grand développement intellectuel et moral. C’étaient des gens qui dans leur conduite ordinaire, quand ils sortaient de leur méditation, de leur concentration exclusive, vivaient d’une façon très grossière. Ils avaient des défauts très, très ordinaires, n’est-ce pas. J’en ai connu beaucoup comme ça. Ou alors, ils étaient arrivés à l’état où leur vie extérieure était une sorte de rêve dans lequel ils étaient, pour ainsi dire, inexistants. Mais on avait tout à fait l’impression d’êtres totalement incomplets, c’est-à-dire qu’extérieurement, ce n’était rien du tout.
Mais si dans la conscience extérieure on est très bas, comment peut-on méditer? Cela devient très difficile, n’est-ce pas?
Oui, très difficile!
Alors comment ces gens réussissent-ils?
Mais ils en sortaient complètement, ils laissaient ça comme on enlève un manteau, puis ils le mettaient là et ils entraient dans une autre partie de leur être. Et c’est ça qui se produisait justement, c’était comme s’ils enlevaient cette conscience, qu’ils la plaçaient à côté d’eux, et qu’ils entraient dans une autre partie de leur être. Et dans leur méditation, et tant qu’ils restaient là, c’était très bien. Mais ces gens-là, pour la plupart, quand ils étaient dans cet état-là, ils étaient dans une sorte de samâdhi, et ils ne pouvaient même pas parler; et alors, quand ils revenaient et qu’ils reprenaient la conscience ordinaire, elle était exactement là où elle était auparavant, complètement inchangée; il n’y avait pas de contact.
N’est-ce pas, ce qui te rend la chose difficile à comprendre, c’est que tu ne sais pas d’une façon concrète, pratique, qu’il y a des... différents plans de ton être, comme de tous les êtres, qui peuvent ne pas avoir de contact entre eux, et qu’on peut très bien passer d’un plan dans l’autre, et exister dans une certaine conscience en laissant l’autre absolument endormie. Et d’ailleurs, même dans l’activité, à différents moments ce sont différents états d’être qui entrent en activité, et à moins qu’on ne prenne le plus grand soin de les unifier, de les mettre tous d’accord, il y en a un qui peut tirer d’un côté, l’autre tirer de l’autre, et le troisième tirer du troisième, et être tout à fait en contradiction les uns avec les autres.
Il y a des gens qui dans un certain état d’être sont, par exemple, constructifs, et qui sont capables d’organiser une existence et de faire un travail très utile, et qui dans une autre partie de leur être sont tout à fait destructeurs et démolissent constamment ce que l’autre a construit. J’ai connu un certain nombre de gens comme ça, et alors qui, apparemment, avaient une vie incohérente, mais c’était parce que les deux parties de l’être, au lieu de se compléter, de s’harmoniser dans une synthèse, étaient séparées et en contradiction, et que l’une défaisait ce que l’autre faisait, et tout le temps ils passaient de l’une à l’autre comme ça. Ils avaient une vie sans suite. Et il y en a plus qu’on ne croit, des gens comme ça.
Il y a des exemples très marquants, qui sont frappants tellement ils sont clairs et distincts; des conditions moins totalement opposées, mais tout de même en contradiction les unes avec les autres, cela arrive très, très souvent. D’ailleurs on a l’expérience soi-même, quand on a essayé de faire un progrès; il y a une partie de l’être qui participe à l’effort et qui fait le progrès, et tout d’un coup, sans rime ni raison, tout l’effort que l’on a fait, toute la conscience que l’on a obtenue, ça chavire dans quelque chose qui est tout à fait différent, en contradiction, et sur lequel on n’a pas de contrôle.
Il y a des gens qui peuvent faire un effort toute la journée, arriver à se construire quelque chose au-dedans d’eux; ils s’endorment la nuit, le lendemain matin tout ce qu’ils avaient fait la veille est perdu, ils l’ont perdu dans un état d’inconscience. Cela arrive très souvent, ce ne sont pas des cas exceptionnels, loin de là. Et c’est ça qui explique, n’est-ce pas, qu’il y a des gens qui — lorsqu’ils se retirent dans leur mental supérieur, par exemple —, peuvent entrer dans des méditations très profondes et se libérer des choses de ce monde, et puis lorsqu’ils reviennent à leur conscience physique ordinaire, sont des gens absolument ordinaires, sinon même vulgaires, parce qu’ils n’ont pas pris le soin d’établir le contact, et de faire que ce qui est en haut agisse et transforme ce qui est en bas.
C’est tout.
Mère, à propos du Bouddha, j’ai une question. Tu avais dit que l’Avatâr vient sur la terre pour montrer que le Divin peut exister sur la terre. Alors pourquoi prêchaitil juste le contraire? Est-ce qu’il est un Avatâr ou non?
Ça!... Il y a des gens qui disent que c’est un Avatâr, il y a des gens qui disent que non, mais ça, à dire vrai, c’est...
Je pense que cette première chose, que l’Avatâr vient sur la terre pour prouver que le Divin peut... ce n’est pas tant prouver par les mots que prouver par une certaine réalisation; et je pense que ce serait plutôt cet aspect du Divin qui est constructif et préservateur, plutôt qu’un aspect transformateur et destructif. N’est-ce pas, pour employer les noms indiens connus dans l’Inde, eh bien, je pense que ce sont les Avatârs de Vishnu qui viennent plutôt pour prouver que le Divin peut venir sur la terre; tandis que chaque fois que Shiva s’est manifesté, il s’est toujours manifesté comme ça, dans des êtres qui ont essayé de lutter contre une illusion et de démolir ce qui est.
J’ai des raisons de penser que le Bouddha était une... pour parler plus exactement, manifestait quelque chose de la Puissance de Shiva; c’était la même compassion, compréhension de toute la misère, et ce même pouvoir qui détruit, évidemment avec l’intention de transformer, mais qui détruit plutôt qu’il ne construit. Son oeuvre ne paraît pas avoir été très constructive. Elle était très nécessaire pour enseigner aux hommes pratiquement à ne pas être égoïstes; à ce point de vue-là c’était très nécessaire. Mais dans son principe profond, cela n’a pas beaucoup aidé à la transformation de la Terre. Comme j’ai dit, au lieu d’encourager la descente de la Conscience supérieure dans la vie terrestre, ça a fortement encouragé cette séparation de la conscience profonde, qu’il disait être la seule vraie, de toute expression extérieure.
Maintenant, n’est-ce pas, cette question du Divin sur la terre, eh bien, tout naturellement les gens qui ont cru en lui, en ont fait un dieu. Il n’y a qu’à voir tous les temples et toutes les divinités bouddhiques pour savoir que la nature humaine a toujours tendance à déifier ce qu’elle admire.
Voilà!
Il y a une autre chose qu’on voudrait demander. Il y a beaucoup de discussions à ce sujet: doit-on prendre de l’intérêt dans ces chansons qui n’ont pas de sens, généralement les chansons de films?
Prendre de l’intérêt? Comment ça?
Il y en a beaucoup qui écoutent et qui chantent aussi ces chansons.
Oui, mais je ne comprends pas «prendre de l’intérêt». On peut aimer ces choses-là parce qu’on n’a pas de goût, mais je ne vois pas ce que veut dire «prendre de l’intérêt». On prend de l’intérêt dans une étude, on prend de l’intérêt dans un travail, on prend de l’intérêt dans un progrès à faire, mais... on peut se laisser aller à une activité de désoeuvrement, mais cela ne veut pas dire qu’on peut prendre de l’intérêt.
Si on doit chanter ces chansons?
Doit! Pourquoi? Pour gagner sa vie? (rires)
Est-ce que ce n’est pas un obstacle à notre progrès?
Mais tout ce qui fait descendre la conscience est un obstacle au progrès. Si vous avez un désir, ça fait un obstacle à votre progrès; si vous avez une mauvaise pensée ou une mauvaise volonté, ça fait un obstacle à votre progrès; si vous accueillez un mensonge quelconque, ça fait un obstacle à votre progrès; et si vous cultivez en vous la vulgarité, ça fait un obstacle à votre progrès; toutes les choses qui ne sont pas en accord avec la Vérité font obstacle au progrès; et il y en a des centaines tous les jours.
Par exemple: tout mouvement d’impatience, tout mouvement de colère, tout mouvement de violence, toute tendance à la dissimulation, toute déformation, qu’elle soit petite ou grande, de la vérité, toute mauvaise volonté, tout jugement partial, toute préférence, tout encouragement au mauvais goût et à la... oui, la vulgarité, tout ça c’est constamment sur le chemin. Tout ça, chacun de ces mouvements, petit ou grand, passager ou durable, tous sont comme autant de pierres pour construire le mur et vous empêcher de progresser. Ce n’est pas seulement une chose, il y en a des centaines, il y en a des milliers. Il suffit d’avoir une préférence en soi, il suffit d’avoir une impatience, il suffit d’avoir un petit désir de dissimuler quelque chose, il suffit d’avoir un écoeurement, un dégoût pour un effort, il suffit... il suffit de n’importe quoi qui a affaire avec les désirs, les répulsions, tout ça, pour que cela vous entrave dans le progrès. Et alors, au point de vue de l’être intellectuel, de l’être artistique, de la partie culture intérieure et extérieure, toute faute de goût, quelle qu’elle soit, est un obstacle terrible.
Ce monde-ci, je dois dire, est un monde d’extrêmes au point de vue goût, culture artistique et littéraire; d’un côté il fait de grands efforts pour découvrir quelque chose qui soit très haut, très pur, très noble, et d’un autre côté, à l’autre bout, il sombre dans une vulgarité qui est certainement infiniment plus grande que la vulgarité d’il y a deux ou trois siècles. Ce qui est curieux c’est que, il y a environ deux ou trois siècles, les gens qui n’étaient pas cultivés étaient grossiers, mais leur grossièreté ressemblait à celle des animaux, et elle n’avait pas beaucoup de perversion; elle en avait, parce que dès que la mentalité est là, la perversion vient, mais il n’y en avait pas beaucoup. Mais maintenant, ce qui ne monte pas sur le sommet de la montagne, ce qui reste au niveau de la terre, est d’une grossièreté tout à fait pervertie, c’est-à-dire que ce n’est pas seulement ignorant ou stupide, c’est laid, sale et répugnant, c’est déformé, c’est méchant, c’est très bas. Et c’est le mauvais usage du mental qui a produit cela. Sans la mentalité, cette perversion-là n’existait pas, mais c’est le mauvais usage de la mentalité qui produit cette perversion. Eh bien, ça c’est devenu ce qui est laid à tous les points de vue, maintenant, ce qui est vulgaire et laid.
Il y a des choses, les choses que l’on considère comme très jolies maintenant... J’ai vu de ces photographies ou de ces reproductions que l’on considère comme très jolies, c’est effroya- ble-ment vulgaire de perversion, et pourtant les gens s’extasient et trouvent que c’est joli! C’est parce qu’il y a quelque chose qui est déformé, qui n’est pas seulement sans culture, qui n’est pas seulement «pas développé», qui est déformé, ce qui est bien pire, parce qu’il est beaucoup plus difficile de redresser une chose pervertie et déformée que d’éclairer une chose ignorante ou sans éducation. Eh bien, je crois qu’il y a certaines choses qui ont été des grands instruments de perversion, et parmi ces choses on peut dire le cinéma. Ç’aurait pu être, et j’espère que ça deviendra, un instrument d’éducation et de développement; mais ça a été, c’est pour le moment un instrument de perversion, et de perversion vraiment hideuse: perversion du goût, perversion de la conscience, et tout d’une laideur morale et physique terrible. Pourtant c’est quelque chose dont on peut se servir pour l’éducation, le progrès, la culture et le développement artistique; et à ce point de vue-là, cela pourra être un moyen de répandre la beauté et la culture d’une façon beaucoup plus générale et beaucoup plus accessible à tous que ne l’étaient les moyens antérieurs. Mais c’est toujours comme ça, parce que ce qui peut être mieux, si ce n’est pas mieux, ça devient pire. Et comme je disais au commencement, nous sommes à une époque d’excès — excès dans tous les sens: elle essaye avec excès de se perfectionner, et elle tombe dans les excès de perversion qui sont relativement aussi grands, sinon plus grands. Et si on se regarde attentivement, on s’aperçoit que naturellement, comme on vit dans le monde tel qu’il est maintenant, on participe à sa vulgarité, et qu’à moins de se surveiller et de mettre constamment sur soi la lumière de sa conscience la plus haute, on risque de faire des fautes de goût, au point de vue spirituel, assez fréquentes.
Voilà!
Maintenant je vais vous donner une méditation ce soir, et je vais voir si vous êtes capables de prendre un bain cérébral. Nettoyage!
Mère, quand on médite ici, quel est le centre sur lequel on doit se concentrer?
À dire vrai, chaque fois ça devrait être autre chose.
La première fois, je vous ai dit de méditer sur ce que nous avions lu, n’est-ce pas. Eh bien, si vous voulez, aujourd’hui, nous pourrons essayer de faire entrer en nous une conscience purificatrice qui, comme je viens de le dire d’une façon amusante, nous donne un bain de cerveau, c’est-à-dire un bon petit nettoyage — une lumière qui purifie et qui nettoie.