Mère
l'Agenda
Volume 13
10 juin 1972
(Mère dénoue une guirlande de «patience» de son poignet
et la donne à Sujata.)
Tu veux de la patience?
(Sujata:) C’est utile, douce Mère!
(À Satprem:) Qu’est-ce que tu as senti?
Quand cela, douce Mère?
Tout le temps, mon petit!
Moi, je sens que tu es de plus en plus là, près de moi – ton aide.
Oui, ah! ça, c’est vrai.
Mais...
L’Aide devient de plus en plus précise, de plus en plus consciente, mais... je dois dire que c’est TRÈS difficile.
Oui.
Mais ça ne fait rien. Puisqu’on a accepté de le faire, on le fait. Et ça ne sert à rien de se plaindre. Mais le Pouvoir – le Pouvoir est for-mi-dable, mais... (Mère désigne son corps), c’est comme une moquerie: la moindre chose devient énorme! Même physiquement. Physiquement c’est si étrange, j’ai des piqûres à un endroit qui est tout couvert (Mère touche sa jambe), et impossible qu’un moustique y aille. Et je ne sais pas... ils disent qu’il n’y a ni puces ni punaises ici!
Il y a des fourmis, douce Mère!
Les fourmis font des piqûres?
Oui, douce Mère, certaines catégories de fourmis font cela.
Aaah! alors c’est ça: fourmis, il y a. Ah! il y a des fourmis qui font des piqûres!
Oui, oui, douce Mère! je ne savais pas, j’ai appris ça ici.
Ah! moi non plus, je ne savais pas! (rires) Ah! c’est ça! Tiens, merci! (rires)
(silence)
Mais j’aimerais savoir tes observations?
Je ne suis peut-être pas assez conscient. C’est trop général. J’ai l’impression que tu es là présente et qu’immédiatement, si j’appelle un peu, tu es là, l’Aide est là.
Ça oui, ça oui.
Et évidemment, quand je me souviens d’il y a seulement un an ou deux ans, on voit, on sent bien qu’il y a un Pouvoir formidable.
Oui, il y a une différence.
Oui, formidable. Ça, c’est évident... Et puis quelquefois, ça me tombe sur la tête, même sans que j’appelle, je dois dire.
Oui, oui.
Ça me tombe sur la tête en ce sens que c’est vraiment comme une... je ne sais pas, comme une masse de puissance qui descend.
Oui, oui. Il faut, il faut absolument être... passivement réceptif. Toute activité ramène la vieille manière, je ne sais pas. Maintenant c’est comme cela (geste mains ouvertes).
Quand je suis comme cela, le temps passe comme une seconde. Il n’y a plus de temps.1 Quand la vieille manière revient, quelques minutes sont in-ter-mi-na-bles.
Il y a vraiment quelque chose... une action sur le temps.
L’autre jour, tu me disais que quand tu allais à l’intérieur comme cela, ce n’était pas comme autrefois où tu te retirais dans un état intérieur et tu agissais – tu disais que tu n’entrais pas en transe, tu étais simplement...
Intériorisée.
Intériorisée. Et tu disais: «C’est comme si le physique se dédoublait.»
(Mère plonge longtemps
puis revient avec un sourire)
Je me souviens (je ne sais pas quand, si c’était la nuit ou..., mais c’était un moment où j’étais tranquille, où il n’y avait personne), je me souviens de t’avoir dit: «Tu vois: c’est ça, le Supramental.» «C’est ça, je sais, c’est ça le Supramental.» Je te l’ai dit à toi.
Et quand j’ai voulu le ramener, le garder dans la conscience ordinaire (pas la conscience «ordinaire»: la conscience intermédiaire, comme cela – geste de pont – que j’ai tout le temps), c’est... c’était comme évaporé. Et quand je ne suis pas active, quand je suis comme cela, c’est tout à fait évident: c’est ça.
(Mère plonge)
1 Ce matin même, Mère est restée pendant 40 minutes avec un verre de jus de fruits dans la main. L’entrevue a commencé avec une heure de retard.