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Mère

l'Agenda

Volume 10

4 juin 1969

Il y a une lettre de P.L. Il dit ceci:

«... Mon travail est le même: difficultés à accepter mes idées. On me croit (je le pense, mais personne ne m'en parle, car il y a une force qui me protège) un «illuminé». Cependant, les choses au Vatican, dans le centre de l'Église, sont en train de changer. La lutte des forces nouvelles contre les forces traditionnelles est très forte maintenant. Si le pape accepte (son entourage est contre) d'aller à Genève le 10 juin et participe à l'Assemblée des Églises Protestantes, et affirme que nous ne sommes pas "les uniques à avoir la vérité", je crois qu'un grand pas sera fait. Mais aura-t-il le courage d'accepter qu'il y ait d'autres mouvements religieux qui cherchent aussi? Ou va-t-il rester ancré dans l'affirmation que "extra ecclesia non est salus",1 que l'unique dépositaire de la Vérité, l'unique qui ait le monopole (!) du salut, c'est l'Église catholique?... Pour le moment, je suis dans la liste de ceux qui vont l'accompagner. Il faudra que l'assistance de Mère soit plus forte ce jour-là...»

(Après un silence)

C'est vieux, les religions... Tu n'as pas cette sensation?

Oh! tout à fait.

C'est vieux-vieux...

J'ai même l'impression que c'est fini.

Oui.

(silence)

J'ai l'impression que la prochaine Église à démolir, c'est l'Intellect.

(Mère rit) Oui!2

(Mère entre en concentration)

*
*   *

(Peu après, le disciple propose de publier dans les «Notes sur le Chemin» le texte de la dernière conversation, du 31 mai 1969, sur le corps glorieux «visible pour tous».)

On ne va pas croire que nous sommes devenus fous! Non?

Tu crois que l'on peut publier ça?...

J'ai l'impression.

Tu pourrais demander à Nolini? Moi...

(silence)

J'ai beaucoup regardé après que tu es parti [la dernière fois], toute la journée... Il y a le sens que ce serait une merveilleuse solution (le corps glorieux). Quand tu l'as dit, il y a quelque chose qui est devenu concret tout d'un coup.3 Mais aucun sens personnel dedans... Le corps n'a pas du tout, du tout, ni l'ambition ni le désir ni même l'aspiration de devenir ça (ce corps glorieux), mais il y avait seulement une espèce de joie à la possibilité que «ça» soit – ça soit –, n'importe qui, n'importe où, n'importe comment: que ça soit. Et j'ai regardé très-très attentivement; pas une minute il n'y a eu l'idée: il faut que ce soit ça (Mère pince la peau de ses mains), tu comprends? C'était: que cette incarnation, que cette manifestation son – pas choisir une personne ou une autre, ou un lieu ou un autre, non, tout cela n'existait pas: c'était la chose en elle-même qui était comme une solution merveilleuse. Et puis, c'est tout.

Et alors, la conscience s'est mise à observer: s'il n'y a rien dans ce corps qui «aspire» même à être ça, cela prouve que ce n'est pas son travail. Alors est venu cet extraordinaire Sourire (je ne sais pas comment expliquer), qui était comme cela, qui a passé, qui a dit... (on pourrait le traduire d'une façon tout à fait enfantine): «Ce n'est pas ton affaire!» Et c'est tout. Et puis c'était fini, je ne m'en suis plus occupée. Pas ton affaire, dans le sens: ça ne te regarde pas; que ce soit ça ou ça ou ça, ce n'est pas ton affaire. C'est tout.

Mais ce qui est devenu son affaire, d'une façon tellement-tellement intense que c'est presque inexprimable, c'est: «Toi-Toi-Toi-Toi...» qu'aucun mot ne peut traduire: le Divin, pour mettre un mot. C'est tout. Pour tout – manger: le Divin; dormir: le Divin; souffrir: le Divin... comme cela (Mère tourne ses deux mains vers le haut). Avec une sorte de stabilité, d'immobilité – il y a une grande unification dans les cellules.

(silence)

Cette Conscience, par exemple si quelqu'un écrit et me pose une question, j'ai instantanément la réponse par cette Conscience, et je l'écris, et c'est cette Conscience qui parle. J'ai écrit ces jours-ci un certain nombre de réponses, et toutes tellement EN AVANT sur tout ce que l'on a dit maintenant... La réponse est tellement en avant sur l'état de conscience des gens qui ont posé la question que... Et ça, spontané, sans effort, sans rien, comme cela (Mère laisse couler sa plume).

(silence)

C'est comme si le sens de son existence individuelle, c'est-à-dire séparée, était étroitement, indissolublement, lié à la souffrance (je parle de souffrances physiques, je ne parle de rien de moral: les souffrances physiques). Et alors, si le corps a une aspiration, c'est celle de se fondre... de se fondre, pas dans le tout, mais de se fondre dans... dans ce quelque chose que nous appelons le Divin, et qui est tout – le tout vrai au lieu du tout mensonger. Mais je ne peux pas expliquer.

Il est évident qu'il ne doit se préoccuper de rien; le corps ne doit se préoccuper de rien, ni d'une façon ni d'une autre, ni du progrès ni de la dissolution – se préoccuper de rien. L'état (non pas l'état auquel il aspire, ce n'est pas cela parce qu'il n'a pas d'«aspiration»), mais l'état qui paraît... qui paraît être voulu pour lui (je ne sais pas comment dire), c'est: une paix, une paix réceptive, c'est tout.4

(long silence)

Peux pas parler, les mots sont idiots.

L'enregistrement du son fait par Satprem    

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1 «Hors de l'Église, point de salut.»

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2 L'enregistrement du début de cette conversation n'a pas été conservé.

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3 En effet, à la fin de cette dernière conversation, Mère était restée très longtemps à «regarder» avec une expression qu'il faut voir pour croire, et le disciple avait senti comme une cataracte de puissance lumineuse qui descendait.

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4 Il existe un enregistrement de cette conversation.

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