Mère
l'Agenda
Volume 10
J'ai l'impression qu'il y avait quelque chose, et puis... (Mère cherche sur la table près d'elle). Positivement, il y avait quelque chose à faire... Et tu verras, quand tu seras parti, je retrouverai! Je sais avoir dit: «Ah! je ferai ça mercredi avec Satprem.»
Oh! c'est peut-être là (Mère regarde la table encombrée), il y a une quantité de lettres... ça fait peur!
Tant pis.
C'était quelque chose d'intéressant...
(long silence)
En même temps, je me souviens d'une vision de la nuit où je faisais un travail avec des chiffres et je mettais les chiffres – les chiffres et les groupes de chiffres –, je les mettais dans une certaine position, et c'était cela que je voulais te dire. Dans le «rêve» (si on peut appeler cela un rêve), je m'étais dit que je devais te montrer cela.
Maintenant, je me souviens... ça vient comme cela (geste derrière la tête de Mère). Et alors, c'est associé avec des groupes de gens qui sont partout, des groupes de gens qui sont répandus sur la terre et en rapport avec... quelle planète? Des planètes, je ne sais pas. Et je me souviens que je m'étais dit (tout cela pendant la nuit, pas réveillée), je m'étais dit, quand je faisais tout cet arrangement... Je vois encore l'arrangement de chiffres que je faisais, qui étaient tout à fait vivants – les chiffres étaient des choses vivantes –, des groupes de chiffres que j'arrangeais, et il y avait un arrangement comme cela, un arrangement comme ceci... (Mère semble déplacer les pièces d'un puzzle), et alors, en fait, tu étais là, et je te disais que quand c'était comme cela (Mère dessine certain arrangement), ça exprimait telle chose, et quand c'était comme cela (un autre arrangement du puzzle), ça exprimait telle autre chose. Et en même temps, je disais: «Non seulement ça exprime, mais ça a un pouvoir pour réaliser cette chose...»
Tout cela est là (Mère fait un geste derrière sa tête, comme pour montrer une mémoire derrière), c'est là quelque part. Et c'était en connexion avec des groupes de gens qui se trouvaient en différents endroits de la terre.
Et c'était... tiens!... c'était l'expression «chiffrée» – l'expression chiffrée de l'application à la vie dans une réalisation prochaine: de la vie en avant, mais pas très loin; par exemple, dans le centenaire qui suit, qui commence maintenant.
Alors c'était probablement cela qui était resté dans la mémoire et qui faisait que je voulais te dire quelque chose. Mais l'arrangement des chiffres, je le vois encore. J'ai passé longtemps – longtemps – à arranger les chiffres. Longtemps.
Une application plus vraie, plus universelle, et avec la connaissance spirituelle: le principe de la position et l'utilisation des individus sur la terre. Et je ne sais pas pourquoi, cela t'intéressait particulièrement. Tu étais avec moi, avec cet arrangement de chiffres, et je te montrais (même geste, comme les pièces d'un puzzle que l'on déplace)... deux colonnes ici et une colonne là; mais des colonnes vivantes: ce n'était pas sur du papier – ce n'était pas sur du papier, c'était en l'air. Je ne sais pas comment expliquer ça, c'était en l'air, et j'arrangeais, je déplaçais les chiffres comme cela (même geste), et ces chiffres étaient vivants, ce n'était pas de l'écriture sur du papier.
Et il y avait des groupes de chiffres... (Mère cherche à se souvenir), oui, il y avait deux groupes de chiffres: les uns étaient bleus (bleu foncé), les autres étaient jaune doré, et... (comment dire?) ce n'était pas masculin-féminin, mais c'étaient deux principes, les deux principes – le principe... pas de création mais la conception (geste qui descend d'en haut), et le principe de la réalisation.
Et je suis tout à fait consciente quand je fais cela: ce n'est pas un rêve (je ne dors pas à la façon ordinaire; je suis comme endormie mais je ne dors pas; et je ne «rêve» pas: je fais, j'agis), et je suis tout à fait consciente, du même genre de conscience que la conscience de veille – pas un rêve. Et je fais cela, et je t'expliquais comment tous ces chiffres s'organisaient et qu'ils déterminaient les événements futurs.
Quand je me réveille, ou plutôt quand je me lève (je ne peux pas dire «réveillée»), quand je me lève et que j'entre en activité, ça s'en va – ça «s'en va», non pas que ça cesse: ça reste dans son monde. Et c'est seulement maintenant, parce que tu es présent, que ça fait le contact avec le souvenir.
Ça a duré plusieurs heures. Ce n'était pas la «conception» d'un travail: c'était le travail même, c'était comme... comme quand il y a des manettes et des choses que l'on bouge, et ça fait marcher (Mère dessine un grand tableau de contrôle dans une salle électronique), c'était une chose comme cela, mais ce n'est pas cela du tout! C'était l'organisation de ces groupes de chiffres qui déterminait les événements et l'ordre des événements (surtout l'ordre des événements) et la place sur la terre. Et probablement, pendant que je le faisais, il y avait quelque chose qui voulait que je te le dise et qui avait laissé l'impression que j'avais quelque chose à te dire, et puis tout est parti. Quand je reviens à cette vie-ci, tout s'en va; et c'est seulement parce que maintenant, j'ai cherché, que j'ai eu (geste de contact avec le souvenir) cet accrochage: j'ai cherché, c'est revenu. Mais je m'aperçois (presque avec étonnement) que ça doit durer au moins deux heures ou plus – deux heures, deux heures et demie. Je ne dors pas du tout, mais je suis active, absolument active dans le... (Mère cherche à situer la zone) ce qui se prépare pour se manifester sur terre, c'est-à-dire que je ne sais pas s'il faut appeler ça le «physique subtil» ou... C'est la zone créatrice du physique, c'est là. Et alors, comme je ne peux pas courir d'un endroit à l'autre, ce que je fais est relié avec les chiffres comme cela – des chiffres vivants. Des chiffres vivants: je les organise, je les groupe, et je me souviens de ce que j'ai fait la veille, et je dis: «Non, hier c'était comme cela, mais maintenant il faut que ce soit comme cela», et avec la connaissance que, demain, il faudra encore faire un changement. Et c'est cela qui détermine les événements. Mais la conscience (la conscience de veille ou la conscience ordinaire) ne doit pas savoir ce qui est décidé là; elle ne doit en savoir que juste une partie qui est nécessaire à l'exécution, et alors c'est pour cela qu'il y a une coupure – ça reste, ça continue à vivre là comme cela (geste derrière la tête), mais ça ne passe pas... C'est tout à fait parce que j'avais pris la décision que je t'en parlerai à ce moment-là (dans le «rêve») que j'ai pu accrocher le souvenir, mais... Quoique je voie; maintenant je vois ces chiffres, c'est pour cela que je peux les décrire, mais ça n'a plus aucun sens pour moi. Et je ne suis pas sûre que ce soient des chiffres ou des lettres... C'étaient des chiffres, je sais que c'étaient des chiffres; il y avait des chiffres dorés et des chiffres bleus (mais ce ne sont pas nos couleurs matérielles; ce ne sont ni notre substance ni nos couleurs matérielles), et comment je les arrangeais: j'arrangeais toujours, je mettais un groupe comme cela, puis l'autre comme cela (geste comme un puzzle mouvant), puis je choisissais. C'est curieux. Et je devais être très grande, parce que les chiffres étaient grands, et je les prenais et je les plaçais, et c'était une grande surface. Et à mesure que je les plaçais, ça faisait une communication et ça organisait les événements immédiatement en avant.
Peut-être que je me souviens...
Cette nuit, je savais que je le faisais toutes les nuits, mais cette nuit... Il y a eu (dans le corps alors, à l'état de veille hier) une sorte d'aspiration pour savoir quel serait le fonctionnement, l'action dans la conscience du surhomme; j'ai dit: «Ce n'est pas le tout d'avoir cette conscience autour de soi (comme un rempart), il faut savoir quels seront les changements dans les fonctionnements du corps et dans le travail, dans la façon de travail?» Et alors cette expérience (des chiffres) a été comme une réponse pour m'apprendre un peu comment cela va être. Mais c'est curieux, je faisais ça tout à fait comme ils font maintenant avec ces grandes machines électriques, avec toutes sortes de manettes (comme un tableau de bord dans une centrale), je faisais ça comme cela, de cette façon-là: je déplaçais et... Seulement, je crois que je devais être un peu plus grande que je ne suis... Je ne sais pas. En tout cas, je plaçais les objets (même geste comme un puzzle mouvant)... Ce n'étaient pas des objets, c'était quelque chose... Mais c'était quelque chose de fixe dans la forme – c'était fixe –, et il y avait comme une réserve (pas un «magasin», je ne sais pas comment dire), une réserve d'où je puisais des choses, puis je les mettais, je les arrangeais comme cela; et il y avait un arrangement qui était continu dans son ensemble, mais avec des changements de détail.
Si je me souvenais exactement, ce serait très intéressant.
Dans ma conscience active, depuis quelque temps, il y a une préoccupation qui vient avec beaucoup de force, et qui n'est pas personnelle parce que le mental spéculatif ne marche pas. C'est comme une force qui revient sur moi avec une volonté, je ne sais pas laquelle. Et la préoccupation, c'est: «La ruine de la Science, et ce qui arrivera après la ruine de la Science.»
Tiens!
Tu sais, la fin de la grande «baudruche mentale», et ce qui arrivera après, ou la transition de l'un à l'autre. C'est comme un problème que l'on m'envoie (à propos de la médecine, à propos des nouvelles découvertes, à propos de la révolution des étudiants...). Ça m'est poussé de tous les côtés.
Tiens...
Et surtout cela: la ruine de la Science... Il y a comme une force qui voudrait... je ne sais pas si c'est faire quelque chose, ou dire quelque chose, ou écrire..., mais qui semble me pousser dans ce sens-là, vers ce problème.1
Oui, ce doit être évidemment la même force, parce qu'elle voulait que je te montre et que je t'explique, et tu ASSISTAIS au travail. Et même, je te faisais des réflexions de temps en temps, je te disais: «Ces chiffres-là (mais je ne les appelais pas des chiffres, je ne sais pas...), ça, je le mets là à cause de cela...» Je te donnais des explications.
C'est curieux.
Et de tous les côtés, ça me vient.
Ce doit être une activité de cette conscience (du surhomme), parce que ce n'est pas quelque chose que j'aie depuis très longtemps. La nuit dernière, je savais que je faisais cela régulièrement toutes les nuits, mais pas depuis longtemps. Ce doit être venu avec cette conscience-là.
Et il faut dire aussi que, hier (hier dans ma conscience ordinaire, enfin quand j'étais ici), il y a eu deux choses: j'ai pensé à toi et je me suis dit... (ce n'était pas hier, c'était l'autre fois que je t'ai vu, samedi dernier), après ce samedi, j'ai eu quelque chose qui voulait que je sache comment cette force (du surhomme) agissait pour toi; et alors, c'est en réponse à cela que je t'ai vu la nuit dernière et que je t'expliquais tout ce fonctionnement. Et tu participais consciemment, c'est-à-dire que tu comprenais tout à fait bien ce que je faisais – tu participais consciemment. C'est intéressant. Ça deviendra de plus en plus clair.
Mais c'est très curieux, ce n'est pas du tout de «moi»: c'est réellement comme si j'étais poussé vers ce problème, à la solution de ce problème.
Oui.
Pourquoi? Je ne sais pas.
Oui... Et cette vision, c'était comme une application des moyens scientifiques (le grand tableau de bord), mais tout à fait différent! Et c'était basé uniquement sur... Il n'y avait pas de pensée, pas de raisonnement, rien de tout cela: c'était une force qui faisait comme cela (geste de descente qui s'impose), comme c'est toujours, et elle faisait faire. Alors je voyais; je voyais, je savais qu'il fallait faire ça, et je ne pensais pas du tout mais je pouvais expliquer pourquoi, c'est-à-dire que je pouvais dire d'avance que c'était pour telle chose. Et c'était la combinaison de ces deux couleurs de chiffre (peut-être est-ce une traduction dans ma conscience? mais enfin...), les chiffres bleus et les chiffres dorés. Et la priorité pour l'action était toujours aux chiffres dorés, et les chiffres bleus venaient comme pour remplir un trou. Et ça avait une forme (même geste comme un puzzle mouvant), ça avait une forme. C'est curieux. C'est curieux, c'était tellement naturel, tellement spontané, et habituel: il n'y a rien eu dans l'être qui se soit souvenu avec étonnement, c'est-à-dire qu'il ne s'est pas souvenu comme on se souvient d'avoir vu un rêve, d'avoir fait une chose – rien de tout cela, c'était tout naturel: je faisais ça «comme cela» et je savais très bien que je le faisais toutes les nuits... Et si je me souviens bien, c'est entre minuit et trois heures du matin (un peu avant, un peu après).
Mais ça a une forte action, c'est-à-dire que ça commande l'action sur la terre, mais ce n'est d'aucune façon soumis, lié à quelque chose d'en bas qui le tient: c'est comme ça (geste de descente qui s'impose). Et ça reçoit constamment la Volonté ou le Pouvoir d'action d'en haut – pas d'«en haut», ce n'est pas d'en haut, c'est... (Mère fait une sorte de geste signifiant que c'est «dedans partout»), «supérieur» dans le sens véritable.
Et ce corps REÇOIT les choses. Il les reçoit. Il n'a pas l'impression que... Je ne sais pas comment expliquer (le fonctionnement de la pensée n'est pas là). Tout d'un coup, il a senti le besoin de savoir quel effet aura cette conscience (du surhomme) sur la conscience d'ici, comment sera le fonctionnement? Et puis, pour toi, j'ai pensé: «Où et comment cette atmosphère agit?» Et c'est pour cela que j'ai eu cette expérience (des chiffres) – ce n'est pas «pour ça», c'est cela qui a été le préliminaire de l'expérience, c'est venu pour attirer mon attention sur le fait que je devais le savoir... C'est curieux! C'est curieux.
Tu vois, ça avait laissé une impression: je croyais que c'était quelque chose de matériel que j'avais à te montrer (au début, quand Mère cherchait sur la table près d'elle). Ça avait laissé une impression profonde.
(silence Mère essaye de regarder l'heure)
Il est onze heures moins cinq.
Peut-être est-ce le commencement de quelque chose d'intéressant...
Tu n'as rien à dire?
À quelle heure t'ai-je appelé?
Il était dix heures et quart passé.
Déjà...
Tout ça commence à être très incertain...
On ne se souvient pas des choses de la même manière, c'est curieux; le fonctionnement du souvenir est tout à fait différent, tout à fait différent. C'est comme s'il y avait les choses qui venaient comme sur un écran (geste de projection en avant), qui s'imposent; et puis il y en a qui se retirent, elles s'en vont (elles existent – geste derrière Mère –, mais elles n'attirent pas l'attention), et puis à une autre occasion, ça vient comme cela (même geste de projection devant les yeux de Mère). Un curieux fonctionnement. Ce n'est pas un souvenir mental des mots et... pas du tout: ce sont LES CHOSES ELLES-MÊMES qui se projettent.
Peut-être est-on en train de changer un peu! (Riant) Ce n'est pas trop tôt!
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1 Onze ans plus tard, en février 1980, le disciple achèvera d'écrire Le Mental des Cellules.