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Mère

Commentaires sur Le Dhammapada

Tape records

 

L’impureté

Te voici comme une feuille desséchée; les messagers de Yama te guettent. Tu es à la veille du départ et tu n’as pas même de provisions pour le voyage!

Fais de toi-même rapidement une île pour ton refuge, donne-toi du mal et deviens sage. Lorsque tu te seras lavé et purifié de toute souillure, tu pourras alors entrer au céleste séjour des Êtres Nobles.

Tes jours sont à présent comptés, tu es en présence du dieu de la mort. Aucune halte pour toi sur la route, aucune provision pour le voyage!

Fais de toi-même rapidement une île pour ton refuge; donne-toi du mal et deviens sage. Lorsque tu te seras lavé et purifié de toute souillure, tu ne renaîtras plus et tu ne seras plus astreint à la décrépitude.

Ainsi que l’orfèvre raffine l’argent brut, ainsi, peu à peu et d’instant en instant, l’homme sage se purifie de ses impuretés.

Quand la rouille apparaît sur le fer, le fer même en est rongé. De même, les mauvaises actions de l’homme le rongent et l’exposent au malheur.

Le manque de répétition compromet l’efficacité des mantras1. Le manque d’entretien compromet la solidité des habitations. L’incurie compromet la beauté du corps. L’inattention trahit celui qui veille.

L’inconduite est une souillure pour la femme. La lésinerie est une souillure pour celui qui donne. La malfaisance est une souillure en ce monde et dans l’autre.

Bien pis encore que toutes les souillures est celle de l’ignorance. Lavez-vous de cette seule souillure et vous serez sans souillure, ô bhikkhus.

La vie est facile pour l’être sans vergogne, qui est impudent comme un corbeau, malicieux, fanfaron, présomptueux et corrompu.

La vie est toujours dure pour le modeste qui toujours recherche la pureté, qui est actif, poli, qui est chaste et dont le jugement est correct.

Déjà dans ce monde, il est déraciné, celui qui détruit la vie, qui ment, qui prend ce qu’on ne lui a pas donné, qui convoite la femme d’autrui et qui s’adonne aux spiritueux.

Sache que les maux sont difficiles à maîtriser. Que la convoitise et l’injustice ne t’exposent pas à une souffrance interminable!

Chacun donne selon sa foi ou son plaisir. Si tu prends ombrage des aliments et breuvages offerts à autrui, tu ne parviendras ni jour ni nuit à la concentration.

Mais celui qui déracine et détruit en lui jusqu’à la racine un tel sentiment d’ombrage, parvient jour et nuit à la concentration.

Point de feu comparable à celui de la convoitise, point d’emprise telle que la haine. Point de piège comme l’illusion, point de torrent impétueux comme le désir.

Facile à découvrir est le défaut d’autrui, mais difficile à percevoir est notre propre défaut. Nous trions les défauts d’autrui comme la paille du blé; mais nous cachons les nôtres comme le tricheur dissimule un coup malchanceux.

Le critique qui découvre toujours les défauts d’autrui, et qui s’en irrite, augmente ses propres vices et est loin de s’en défaire.

Point de sentier dans le ciel; point de samana2 hors de la bonne Voie. La race humaine fait ses délices de la vanité. Les Tathâgatas3 ont surmonté ces obstacles.

Point de sentier dans le ciel; point de samana hors de la bonne Voie. Aucune chose conditionnée n’est durable, mais les Bouddhas demeurent inchangés.

J’ai lu vos notes sur le contrôle de la parole. Certains ont essayé très sérieusement. Je suis contente du résultat. Je crois que ce sera bon pour tout le monde si vous continuez.

Quelqu’un m’a écrit une chose très vraie, c’est que quand on commence, on n’a plus de raison de s’arrêter; on commence une heure par jour mais cela devient une sorte de nécessité, une habitude, et on continue tout à fait naturellement.

Si votre exercice a vraiment ce résultat, ce sera excellent.

On peut retenir trois choses dans ce que j’ai lu ce soit. La première est qu’il faut persister dans ce que l’on fait, si l’on veut obtenir un résultat. Le Dhammapada nous dit, par exemple, que si l’on a un mantra et qu’on ne le répète pas suffisamment, ce n’est pas la peine d’en avoir, que si l’on est inattentif, on perd le bénéfice de la vigilance, et que si l’on ne continue pas les bonnes habitudes que l’on prend, elles sont inutiles — c’est-à-dire qu’il faut persévérer. Comme, par exemple, pour cet exercice que je vous ai demandé la dernière fois, je vous l’ai demandé avec l’idée que si vous prenez l’habitude de le faire, cela vous aidera beaucoup à surmonter vos difficultés.

Il y a déjà quelqu’un qui m’a dit, avec beaucoup de raison, qu’en pratiquant ce demi-silence, ou en tout cas cette continence de langage, on arrive à maîtriser tout naturellement un grand nombre de ses difficultés de caractère, et que l’on évite aussi énormément de frictions et de malentendus. Ceci est vrai.

Un autre point à retenir dans notre lecture concerne la souillure, et le Dhammapada donne l’exemple de la mauvaise volonté ou de la malfaisance. La malfaisance est une souillure, dit notre texte, en ce monde et dans les autres; puis au verset suivant, il est dit qu’il n’est pas de souillure plus grande que l’Ignorance, c’est-à-dire que l’Ignorance est considérée comme la faute essentielle, centrale, celle qui doit, de façon urgente, être corrigée et ce que l’on appelle Ignorance, ce n’est pas de ne pas savoir les choses, les connaissances superficielles de ce monde, mais d’oublier la raison d’être essentielle de l’existence, la vérité qui est à découvrir.

Il y avait une troisième chose?... Oui, il ne faut pas se bercer de l’illusion que si l’on veut suivre le droit chemin, si l’on est modeste, si l’on est désintéressé, si l’on veut être solitaire et avoir un clair jugement, les choses deviendront faciles... c’est tout le contraire! Quand on commence à avancer vers la perfection intérieure et extérieure, en même temps commencent les difficultés.

J’ai entendu très souvent des gens me dire: «Oh! maintenant que j’essaye d’être bon, tout le monde semble être méchant avec moi!» Mais c’est justement pour vous apprendre qu’il ne faut pas être bon avec une intention intéressée, qu’il ne faut pas être bon afin que les autres soient bons avec vous — il faut être bon pour être bon.

C’est toujours la même leçon: il faut faire aussi bien que l’on peut, du mieux que l’on peut, mais sans s’attendre à un résultat, sans faire la chose en vue d’un résultat. Cette attitude même, d’espérer une récompense pour sa bonne action — devenir bon parce qu’on pense que cela rendra la vie plus facile — enlève toute valeur à la bonne action.

Il faut être bon par amour du bien, il faut être juste par amour de la justice, il faut être pur par amour de la pureté, et il faut être désintéressé par amour du désintéressement, alors vous êtes sûr d’avancer sur le chemin.

13 juin 1958

 

1 Formules chargées de force spirituelle qui doivent être prononcées sans fautes pour être efficaces.

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2 Ascète.

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3 Les Bouddhas qui, suivant la tradition, apparaissent dans le monde pour rappeler les vérités anciennes.

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